'Les quinze mille pas' de Vitaliano Trevisan

Si je devais nommer aujourd'hui les écrivains comptant le plus, nul doute que le nom de Thomas Bernhard arriverait en tête - au bout du compte. Compter. Telle est l' obligation du personnage principal et narrateur de ce roman fulgurant, entêtant, épatant : compter ses pas lors de ses sorties et classer les résultats comme il passe son temps pareillement à classer les multiples écrits de son frère. Entrez, cher lecteur, dans un récit pas comme les autres, où il est question, entre autres thèmes, de famille, de peinture (Bacon) et de littérature (Bernhard, évidemment). Oui, Trevisan est bien le génial continuateur de l'oeuvre de Bernhard et un passeur sachant parfaitement faire passer les folles considérations d'un narrateur que j'aime à considérer - tel qu'il apparaît - comme un vecteur entre moi et ma Folie. Oh Vecteur, mon semblable, mon frère ! Lisez tout Trevisan et Bernhard, c'est passionnant. Je compte sur vous !

B.B.

4ème de couverture:

Compter, rendre des comptes, rendre compte - le compte rendu n'est pas le bon. Dans une ville du nord de l'Italie, un narrateur essaie, sans l'aide de l'instrument précieux que serait un compte-pas, de s'orienter dans la pensée, dans la vie, dans sa tête. C'est sa condition pour ne pas mourir.

Que sont ses parents devenus ? Et sa soeur, disparue d'abord, déclarée officiellement morte ensuite ? Et son frère dont il classe les livres et les dossiers épars ? Et comment faire sa valise ? Comment achever un traité conséquent sur le suicide ? Que faire d'un blouson hongrois quand on le sait retiré à un mort ? Enfin, et surtout, comment désormais classer nos papiers ?

Le narrateur ajoute de la rigueur à son cas lorsqu'il tente de formuler un diagnostic de l'humain, et qu'il nourrit d'imaginaire sa façon de s'orienter avec justice dans le labyrinthe de l'économique et du social.

Il ne craint pas que sa lucidité passe pour de la folie.

Les quinze mille pas de Vitaliano Trevisan, Verdier, 2006.

Au prix de 15 euros.